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Tabourel, instituteur de l'école de Saint-Ouen-le-Pin

Tabourel et les Guizot

A la fin de 1851, François Guizot, en application de sa loi de 1833 sur l'école primaire, avait mis une grande maison à la disposition de la commune de Saint-Ouen-le-Pin, qui n'avait pas encore d'école primaire. Le premier instituteur fut J.B. Tabourel, originaire de Port-en-Bessin. (note 1, p. 301, Lettres de Guizot à sa fille Henriette).

"J'ai eu hier la visite du maire, du curé et du maître d'école, toujours en bonne harmonie et contents les uns des autres. Il paraît que, dans le pays, l'école réussit très bien. Elle se tient depuis le mois de janvier dans notre maison ; mais M. Tabourel loge encore chez le maire, pour n'être pas seul. Il ne viendra s'établir dans la maison d'école que lorsque sa mère pourra venir l'y rejoindre, probablement l'an prochain, quand son jeune frère sera entré à l'école normale primaire de Caen, car c'est une famille d'instituteurs. Il a déjà 36 écoliers, 25 garçons et 11 filles. Il lui en vient de La Boissière, du Pré d'Auge, même un de Saint-Aubin. Avant un mois, la commune de la Roque sera réunie à Saint-Ouen pour l'instruction primaire ; la délibération est enfin prise. Cela vaudra à M. Tabourel 10 ou 12 écoliers de plus ; et notre école sera florissante. Restera à y maintenir à la fois la paix et le zèle ; c'est le problème du monde". (Lettres de Guizot à sa fille Henriette, p. 321).

Il semble aussi que Tabourel ait été chargé de copier les discours de Guizot : "Fais-moi le plaisir de chercher, dans Le Moniteur du 20 au 24 octobre 1836, un petit discours que j'ai prononcé pour la rentrée de la Grande Ecole Normale (Discours de M. Guizot, ministre de l'Instruction publique, pour lar entrée de l'Ecole normale à Paris, le 21 octobre 1836). Fais le copier tout de suite par M. Tabourel et envoie-le moi par la poste. Qu'il écrive un peu fin. J'en suis pressé". (Lettres de Guizot à sa fille Henriette, Paris, mardi 12 février 1861, p. 631).

La mort de François Guizot en 1874 dut laisser à Tabourel du temps libre, qu'il consacra aux observations météorologiques de Saint-Ouen-le-Pin.

Tabourel aux Archives départementales du Calvados.

Les Archives départementales du Calvados viennent de faire paraître un ouvrage consacré aux communes du canton de Cambremer et aux documents, conservés par elles, et qui concernent chacune des cités du canton.

Pour la commune de Saint-Ouen-le-Pin, les archives départementales ont retenu une feuille d'observations météorologiques, tenue par Tabourel, instituteur de ce village.

" Le bureau Central Météorologique français a été créé en 1878. Il coordonne à la fin du XIXè siècle l'activité de commissions départementales très actives, disposant de plus de 2.000 bénévoles organisés en stations communales de veille et travaillant selon des normes scientifiques simples. Un de ces bénévoles, M. Tabourel, instituteur du village, tint scrupuleusement le registre quotidien des observations météorologiques à Saint-Ouen-le-Pin de décembre 1878 à mars 1900. Il n'indique pas les températures, nécessitant un appareillage plus complexe, mais remplit une colonne "observations" de détails intéressants".

Il travaille en notant l'

"...arrivée du printemps 1899, plutôt pluvieux et froid, en saisissant les débuts de la floraison de certaines espèces et la réapparition du chant des oiseaux familiers et des grenouilles peuplant les nombreux ruisseaux de la commune".

Guizot, la commune de Saint-Ouen-le-Pin, l'école de Saint-Ouen-le-Pin,  son instituteur J.B. Tabourel et les archives départementales du Calvados

431 Edt 1

Registre des délibérations de la commune de Saint-Ouen-le-Pin (1838-1880) 

 

  • Séance du 20 septembre 1851

Le Conseil municipal expose très humblement à Monsieur le Préfet que les enfants de la commune, à la moyenne de 30 à 35, sont obligés de se transporter à Saint-Aubin-sur-Algot chef lieu du comité, jusqu’alors établi pour recevoir l’instruction dont ils ont un pressant besoin, ce qui, pour eux, est  fatiguant et onéreux tant à raison du déplacement et du temps nécessaire à l’effectuer, la distance étant de 3 Km au moins qu’en raison du mauvais état des chemins, de l’abondance de neige en hiver, d’où il résulte que les enfants sont, une grande partie de l’année, privés d’instruction.

Considérant que, pour obvier à ce grave inconvénient, Monsieur Guizot, juste appréciateur de la science et de notre position, cède et abandonne à la commune un magnifique local bâti à grand frais et qui ne laisse rien à dédire tant par sa distribution que par sa position qui est on ne peut plus avantageuse, étant placé au centre de la commune sur la route de la Boissière à Bonnebosq. Considérant que la communication avec la Roque-Baignard est facile et que cette commune n’ayant qu’un local provisoire, il lui deviendra avantageux de se réunir à nous.

Considérant que la commune possède en caisse une somme de six cents francs accordée par M. le Ministre de l’instruction publique à l’effet de pourvoir aux objets mobiliers nécessaires à l’école.

Considérant que la commune se trouve dans la nécessité d’avoir une école privée, qu’un instituteur, M. Jean-Baptiste Tabourel de Port-en-Bessin, est déjà désigné.

Considérant que la commune de Saint-Ouen paie annuellement une somme de cent francs pour l’école de Saint-Aubin dont la plus grande partie de ses enfants ne peuvent profiter.

Les membres du conseil dénommé supplient très respectueusement M. le Préfet de bien vouloir ériger cette école communale et nommer M. Jean-Baptiste Tabourel, désigné par M. le Recteur, pour y exercer la fonction d’instituteur.

  •  Lettre de Guizot au maire de Saint-Ouen-le-Pin (Letavernier) 5 janvier 1852

 Paris, le 5 janvier 1852 

Monsieur le Maire,

J’ai reçu la copie que vous avez bien voulu m’envoyer de la délibération du Conseil municipal de Saint-Ouen-le-Peing qui m’a fait la concession gratuite d’un terrain dans le cimetière communal, et du décret de M. le Président de la République qui approuve la dite délibération. Je suis très sensible aux sentiments que le Conseil municipal m’a fait l’honneur de me témoigner dans cette circonstance, et je vous prie de lui en exprimer, de ma part, ma reconnaissance. Je serais toujours empressé et heureux de prouver aux habitants de Saint-Ouen l’affection que je leur porte, et de concourir à tout ce qui pourra être utile.

J’ai appris avec grand plaisir que notre instituteur, M. Tabourel, méritait de plus en plus l’estime et la confiance des habitants, et qu’il ne tarderait pas à s’établir dans la grande maison d’école que j’ai mise à la disposition de la commune. J’espère qu'il s’y trouvera bien, et que le nombre des élèves va croissant. Faites-lui, je vous prie, mes compliments affectueux. Je vais écrire de nouveau au Recteur de Caen et aux deux Sous-Préfets de Pont-l’Evêque et Lisieux pour presser la disjonction de notre commune et des communes de Saint-Aubin et de la Houblonnière en matière d’instruction primaire.

J’ai ici quelques volumes que j’enverrai au Val-Richer, par la première occasion, pour qu’ils soient remis à M. Tabourel. Je prie notre excellent curé de vouloir bien y jeter un coup d’œil. Je crois qu’il n’y trouvera rien qui ne soit conforme aux préceptes de l’église et utile à répandre. Faites-lui toutes mes amitiés, et recevez pour vous-même, Monsieur le Maire, l’assurance de toute mon estime et de mon sincère attachement.

Guizot 

PS : Tout va bien dans ma famille. J’espère que vous êtes content de la santé de Madame Letavernier. Paris est fort tranquille et les affaires commencent à reprendre. On assure que la Constitution sera promulguée d’ici peu de jours. Faites, je vous prie, mes compliments à MM. Ferey et Sevestre.

 

  • Lettre de Guizot au maire de Saint-Ouen-le-Pin (Letavernier) 8 novembre 1852

 Val-Richer, 8 novembre 1852 

Monsieur le Maire, 

Je mets à la disposition de la commune de Saint-Ouen-le-Pin, pour y établir une école primaire et y loger l’instituteur, la maison d’école que j’ai fait construire dans cette commune, sur la route de la Boissière à Bonnebosq avec le terrain qui en dépend à la charge uniquement de faire constamment servir la dite maison à l’usage auquel je l’ai destinée, en se conformant aux lois et règlements relatifs à l’instruction primaire et d’y faire les réparations nécessaires pour l’entretenir en bon état. Mon intention est, ainsi que je vous l’ai déclaré, de donner à la commune de Saint-Ouen-le-Pin, la pleine et entière propriété de la maison d’école, aux conditions ci-dessus indiquées, mais des circonstances particulières ne me permettant pas de faire encore cette donation, je concède, dès à présent, l’entier et gratuit usufruit de la dite maison d’école, dans les mêmes obligations.

Je vous prie, M. le Maire, de faire part au Conseil municipal de Saint-Ouen-le-Pin de cette lettre, et de m’en accuser réception.

Recevez l’assurance de mes sentiments très distingués. 

Guizot

 

  • Séance du 14 novembre 1852

Lecture de la lettre de Guizot

Sur ce le conseil appréciant le service éminent que M. Guizot rend à la commune en mettant à sa disposition l’usage d’un établissement d’école en bon état (…) accepte avec reconnaissance et aux conditions exprimés la dite concession gratuite.

 

  • Séance du 20 novembre 1873

Donation « officielle » de l’école

 

Bibliographie :

François Guizot, Lettres à sa fille Henriette, 1836-1874, Ed. Perrin, 2002, 1054 p.

Le Canton de Cambremer par les Archives départementales du Calvados, sous la direction de Julie Deslondes, 2013.

Délibérations de la commune de Saint-Ouen-le-Pin. Archives départementales du Calvados.


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  • Modérateurs : Jean Bergeret
  • Dernière mise à jour : 24/11/2016