Troarn
A découvrir dans "Troarn. Abbaye Saint-Martin. Histoire. Bataille de Troarn", Le Pays d'Auge, mai-juin 2018, 68e année, n°3
Aperçu historique
La voie romaine reliant Bayeux àLisieux traversait Troarn et un camp romain était érigé sur le Mont Cibo. Le toponyme germanique, Truthard, est à l’origine du nom Troarn. A l’époque médiévale la Dives est une importante voie de communication.
Bures, l’église-mère au centre d’une vaste paroisse, dotée d’un château-fort et d’un port fluvial par les Montgomery, disparait au moment de la fondation de l’abbaye bénédictine. Jusqu’à la Révolution, l’histoire de Troarn se confond avec celle de l’abbaye Saint-Martin la principale propriétaire foncière de la région. Les terres produisent de l’orge, de l’avoine, du froment, mais aussi du chanvre et des plantes tinctoriales comme la guède oul‘ysatis (indigo). Les moines avaient construit des moulins à eaux, puis des moulins à vent, cultivé des vignes pour le vin de messe, institué un marché hebdomadaire et deux foires annuelles, la Saint-Martin d’hiver le 11 novembre et la Saint-Martin d’été le 4 juillet.
Roger II de Montgomery avait fondé une léproserie à l’écart des habitations sur la paroisse Saint-Gilles, qui disparut au XVIIe et fut remplacée par l‘hospice tenu jusqu’en 1975 par les Filles de la Charité.
Avec l’expansion démographique et économique du XIIIe, Troarn s’érige en bourg et possède deux églises paroissiales Sainte-Croix et Saint-Gilles en plus de l’église abbatiale réservée aux moines.
La Révolution fit disparaitre l’abbaye dont les bâtiments démontés et vendus servirent à encaisser la route entre saint-Samson et Troarn.
Devenu chef-lieu de canton au XIXe, Troarn affiche une politique de croissance, s’équipe de bâtiments publics : la mairie, la gendarmerie, l’école de garçons, le presbytère, un nouveau clocher et sa flèche gothique, un calvaire à l’entrée du bourg pour marquer l‘emplacement de l’église Saint-Gilles ruinée par les guerres de religion. L’agriculture est en pleine mutation, avec la conversion des labours en herbages, l’assèchement des marais.
Troarn devient un bourg rural sans industrie avec ses riches herbages et ses prairies naturelles propices à l‘élevage des chevaux.
La population stable jusqu’en 1850 diminue et la ville se dépeuple, victime de l’exode rural et de la mortalité due à l’alcoolisme. En 1921 on inaugure le monument aux morts à la mémoire des 28 soldats tombés la Grande Guerre. L’électricité arrive et l’eau potable avec la construction d’un réservoir d’eau puis on modernise les bâtiments vétustes et insalubres l’hospice, les écoles, la poste...La Halle aux grains se transforme en salle de cinéma.
Le 3 septembre 1939 la guerre est déclarée et les premiers réfugiés sont hébergés dans les foyers troarnais, l’occupation réelle commence à la mi-septembre 1940.
La seconde guerre mondiale
Dès septembre 1940 les allemands occupent Troarn et réquisitionnent les habitations pour loger les soldats. Le maire protège la population, réserve les droits de chasse et de pêche dans les marais aux seuls troarnais, crée des jardins ouvriers et distribue des carburants.. On se préoccupe du sort des prisonniers en organisant des fêtes pour récolter de l’argent. En prévision du débarquement la Croix Rouge française met en place des équipes d’urgence, des cours de brancardage et de premiers soins.
Du 6 au 8 juillet 1944, les ponts sur la Dive sont détruits par le raid motorisé du Major Rosevaere. Le 8 juillet commence l’exode. Les 18, 19 et 20 Juillet les combats sont d’une rare violence, dans le triangle Sannerville, bois de Troarn et Troarn suivis d’une guerre de positon meurtrière de 127 jours. La stèle de Maizeret rend hommage aux hommes des commandos 41, 46 et 47, tombés à la charnière de la plaine de Caen et du Pays d’Auge.
La reconstruction
Dans la ville de Troarn, libérée le 17 août 1944, après six semaines de combats intensifs, il faut se loger d’urgence et six maisons jumelles sont construites ainsi que des baraquements dispersés pour une quinzaine de familles. Très vite l’église est fermée par un mur provisoire et remise en service.
Le plan d’urbanisme constitue la Première étape de la reconstruction, confiée à l’urbaniste Henri Chabée en 1945, Cette procédure financée par l’Etat définit les normes esthétiques et fonctionnelles de la reconstruction en fonction des critères de confort moderne et de la fluidité de la circulation automobile. Le plan d’urbanisme décrété d’utilité publique est adopté en 1948. Le calcul de la créance des dommages de guerre, première étape du processus de reconstruction s’avère complexe.
La reconstruction est organisée suivant le système des unités de chantiers, un ilot est confié au même architecte et aux mêmes entreprises afin de faire des économies d’échelle L’ilot B permis de construire de 1950 fut achevé en 1955. L’église fut reconstruite en deux tranches successives, reconstruction du clocher et des vitraux ; en 1970, 44 personnes vivaient encore dans les baraquements. La commune acquière des terrains pour la création d’un nouveau lotissement. Entre 1972 et 1975 la commune réalise son dernier lotissement le «Mont Héry» .
Troarn proche de Caen s’est développé en privilégiant les constructions traditionnelles de qualité, en pierres de taille et toitures de tuiles et d’ardoises, et l’habitat individuel, implanté en hauteur en dehors des zones insondables.
Les vestiges de l‘abbaye et la zone protégée des marais de la Dives constituent des atouts importants pour le développement de Troarn aux portes du Pays d’Auge.
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Pascale Louvet, "Troarn aperçu historique"
François Poirier, André Gérault, "La seconde guerre mondiale"
Jean Laspougeas, ""Picadilly Circus" et "Verger Noir" en Normandie"
Patrice Gourbin, "La reconstruction de Troarn"
André Gérault, Françoise Dutour, "L'expansion urbaine et démographique 1946 - 2018"
Le Pays d'Auge, 68e année, n°3, mai-juin 2018
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- Dernière mise à jour : 01/10/2021