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III - Monuments


Il n’existe point dans cette contrée de véritables monuments. Il y a cependant quelques édifices dignes d’être remarqués.

Le château d’Hébertot qui est encore bien conservé a été construit en partie au commencement du XVIIe siècle dans une situation charmante.

Une source d’eau vive descend en cascades pour arroser ses murs environnés de fossés larges et profonds. Un bois de sapins planté sur la pente de la colline semble lui former au nord un rideau toujours vert, rien de plus imposant que ses longues avenues de tilleuls dont les hautes murailles de verdure protègent la demeure seigneuriale.

Quoique située au pied d’une colline, cette maison jouit cependant d’une belle perspective et les riches et verdoyantes collines de Bonneville, des Authieux lui offrent un agréable panorama.

L’intérieur de ce manoir est encore ce qu’il était avant la révolution de 93 ; les salles sont encore blasonnées et presque dans leur première fraîcheur.

La partie la plus ancienne du château est le pavillon que l’on voit à gauche en entrant dans la cour d’honneur. Elle est l’ouvrage de Guy de Nollent et elle fut terminée en 1616 suivant une inscription qu’on lit sur l’une des pierres de la corniche. Le corps du logis a été fait par M. d’Aguesseau quand il eut épousé Mlle de Nollent, unique héritière des biens de sa maison. Toute cette construction est en tuf qui a dû être extrait sur les lieux même.

Le pavillon a été fait sur le plan de celui qui était dans la cour de Fatouville à peu de distance de la grande porte qui ouvrait sur le chemin du Roi. La famille des chevaliers de Nollent avait établi depuis plusieurs siècles sa résidence au manoir de Fatouville et c’est sans doute la proximité de l’eau qui l’aura portée à faire l’acquisition de la terre d’Hébertot et à y fixer sa demeure.

Pour le grand corps de bâtiment, où se trouve le perron, c’est M. d’Aguesseau qui l’a fait bâtir. Mais le château n’est point achevé. Pour répondre au pavillon de gauche, on devait en construire un autre semblable dont on voit l’emplacement à la droite de l’édifice. De plus, il devait y avoir, sur les deux ailes, des remises et des écuries et deux petits logements pour le concierge ou portier de chaque côté de la grille qui ferme la cour d’honneur.

Le pavillon qui est sur la colline au nord a été construit en 1799 par M. Maccartan qui avait épousé Mme Marie Anne Dorothée Drély, veuve Duhamel. La terre d’Hébertot, ayant été partagée entre les frères Duhamel qui s’en étaient rendu acquéreurs. M. Maccartan, d’origine irlandaise, devenu par son mariage possesseur de la moitié de cette terre se fit bâtir ce pavillon sur le sommet de la colline. Sa position lui donne une vue magnifique, mais il n’a point l’avantage d’avoir de l’eau quoique peu éloigné de la fontaine Vimont. Il est accompagné de deux ailes à claire voie et de terrasses bien ordonnées qui lui donnent un air de magnificence. Toutes ces constructions sont en briques[1].

Entre ces deux maisons s’élève l’église paroissiale de Saint-André-d’Hébertot, bâtie sur un terrain peu élevé. Le chœur, la tour et le mur méridional de la nef appartiennent au style roman, leur époque est du X ou XIe siècle. La vaste chapelle, construite au nord, est de la dernière époque du style ogival. Le chœur est voûté et soutenu par deux arcades qui se croisent à angles droits vers le milieu de l’édifice. Des piliers unis aux murs latéraux et composés de gracieuses colonnes supportent les arcades.

Sous le pavé du chœur se trouve un caveau sépulcral où l’on déposait les cendres de la famille de Nollent. Ce tombeau a été profané à la révolution. On a enlevé plusieurs cercueils de plomb qui furent portés à Pont-Chalier[2] avec la seconde cloche pour en fabriquer des instruments de mort. On descendait dans ce caveau par un escalier en pierre qui a été détruit depuis un petit nombre d’années.

On a remarqué, sur le milieu de l’arcade centrale, sur la pierre carrée qui forme la clef de voûte, les traces d’un écusson brisé par le marteau démolisseur de 93. On trouve du reste le même écusson reproduit sur le haut de la contretable du maître autel.

Dans les jours néfastes de la révolution, on enleva les tableaux et les statues et on les cacha dans un coin de l’église. Mais on ne les mutila pas et ils ont été conservés.

Le maître autel est en marbre rouge accolé à la muraille par défaut d’espace. Ce marbre avait été défiguré par une grossière peinture qu’on a eu le bon goût de gratter et de faire disparaître non pas cependant sans qu’il en reste encore quelques traces.

Cet autel est un présent de Madame d’Aguesseau qui se faisait un plaisir d’orner l’église. On remarque deux tableaux superposés dans la contretable qui ne sont pas mauvais. L’un représente la scène d’Emmaüs, l’autre le martyre de sainte Agathe qui a été gâté en barbouillant une écharpe sur le sein de la vierge. Saint Nicolas se trouve représenté sur l’un des côtés de ce même tableau[3]. On ne sait trop pourquoi.

Il existe dans la nef trois autres tableaux dont l’un est une Vierge à l’enfant, l’autre représente la loi donnée à Moïse sur le mont Sinaï et le troisième une visite de Jésus Christ à Bethanie aux sœurs Lazare.

D’après le témoignage de M. l’abbé Vastel, il y avait à l’un des petits autels un tableau de la Vierge portant un rosaire à la main. Ce tableau a disparu.

Les titres du chartrier de la famille de Nollent font aussi mention d’un tableau d’un prix considérable fait de la main de Rubens et placé dans la contretable de l’autel du Rosaire. Ce tableau était un don de Guy de Nollent et il paraît qu’il a disparu. Il existait encore en 1704[4].

Sur l’arcade qui donne entrée dans la chapelle, on voyait autrefois un écusson qui représentait les armes de l’abbé de Joyenval : on y remarquait un bâton pastoral et une croix en sautoir couronnés d’une mitre le tout en bas-relief.

On sait que Joyenval, Gaudü Vallis, était une abbaye de chanoines prémontrés, située près de Saint-Germain-en-Laye et que notre église, donnée à cette abbaye en 1240 par Guillaume du Pont-de-l’Arche, évêque de Lisieux, était desservie et patronnée par les chanoines de Joyenval.

On remarquait aussi autrefois une tribune ou place d’orgues au bas de l’église ; mais un jour de fête les fidèles s’y étant portés en trop grand nombre, la poutre de cette tribune se rompit sous la charge, mais heureusement il n’y eut point d’accident grave à déplorer et l’on en fut quitte pour de légères contusions. Depuis ce temps on n’a point rétabli la tribune mais on a percé à cet endroit la principale porte d’entrée. Avant la construction de cette ouverture, il n’y avait point d’autre entrée de la nef que la porte latérale devant laquelle on avait élevé un petit bâtiment qui servait de salle de délibération au conseil de la commune. Ce bâtiment n’existe plus depuis longtemps mais on en voit encore les traces.

J’ai dit qu’une des cloches de notre église avait été portée au district par ordre de la convention. Cette cloche a été remplacée en 1839. L’ancienne cloche qui a été conservée est encore un présent de Mme d’Aguesseau. On lit, sur le pourtour, l’inscription suivante :

« Cette cloche fut fondue en 1779 et nommée Angélique par haute et puissante dame Madame Françoise, Marthe, Angélique de Nollent, veuve de haut et puissant seigneur Henry François de Paul d’Aguesseau, chevalier conseiller d’état ordinaire et au conseil royal de commerce, dame de cette église et de la paroisse d’Hébertot et autres lieux et par haut et puissant seigneur Messire Nicolas Jacques de Nollent, chevalier seigneur de Goulerville, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis et bénie par Monsieur François Duriez, chanoine régulier prémontré de l’abbaye de Joyenval, prieur d’Hébertot. J.B.Chardon, E.A. Dubois fondeurs. »

L’église de Saint-Benoît, quoique d’une date postérieure, ne laisse pas que d’être ancienne. En 1745, on y fit une réparation considérable, elle tombait en ruines. Tout le toit fut refait à neuf, le clocher, placé au bas de la nef, fut abattu et reconstruit au bas de l’édifice dans l’état où il se trouve aujourd’hui. Le devis se montait à 2 000 livres environ.

L’église du Vieux-bourg, comme la précédente, paraît remonter au XIIe siècle. Le chœur de cette dernière est tombé il y a une centaine d’années et la nef seule avec une petite chapelle latérale a été conservée. La cloche de cette église a le même âge que le clocher de Saint-Benoît. Voici l’inscription qu’elle porte :

« L’an 1746, j’ai été bénite par Me Fçois Pre Delaporte, curé de ce lieu et nommée Marie Jeanne Félicité par Me Jn Cles Rval avocat au parlement de Paris procureur général domanial de S.A.S. Mons. Louis d’Orléans, 1er Prince du sang, duc d’Orléans, seigneur et patron de ce lieu et Noble Demoiselle Marie Esther Félicité de la Roque de Bernier, fille de M. de la Roque, escuyer sr de Monfort, gentilhomme du roi, lieutenant général au baillage d’Auge et de noble dame Esther de Brilly. »

Cette église, dédiée à Notre-Dame, fut donnée en 1255, à l’abbaye de Beaumont-en-Auge par Robert Bertrand Baron de Roncheville et de Briquebec. Mais elle revint, plus tard, sous le patronage du roi puis de la duchesse de Montpensier et enfin des ducs d’Orléans.

L’église et la paroisse de Saint-Benoît-d’Hébertot avaient, également, pour patrons temporels le baron de Roncheville. Dans le XIVe siècle, ce seigneur était encore un Robert Bertrand VIIe du nom, maréchal de France, appelé par ses contemporains le chevalier au verdlion. Au XVIe siècle, c’était le seigneur de Cléry. Au XVIIe siècle, la duchesse de Montpensier et au XVIIIe siècle, les ducs d’Orléans.

Il est assez probable que ces deux édifices furent fondées par les Bertran sur leurs propres domaines et c’est de là sans doute que vient l’origine du patronage.

S’il était permis d’émettre une conjecture, je dirai que l’église de Saint-Benoît a été desservie d’abord par des bénédictins de l’abbaye de Saint-Evroult, qui établirent, vers le XIIe siècle, un petit monastère à Noron, lieu situé dans la campagne près de la Gohaigne. Cette circonstance aura sans doute influé sur le patron spirituel de cette église.

Le vieux prieuré de Saint-André-d’Hébertot n’a rien de remarquable que son ancienneté, et l’épaisseur de ses murs soutenus par de solides contreforts. L’ancien presbytère de Saint-Benoît et celui de Vieux-Bourg subsistent encore. Ce sont des maisons en bois de chêne très solides et très vastes qui ont une certaine apparence. Toutes ces maisons ont été vendues à vil prix pendant la révolution au grand préjudice des paroisses.

 

I - introduction

II – Observations géologiques

IV – Ruines

V – Des terres seigneuriales

VI – Seigneurs d’Hébertot

VII – Hommes illustres d’Hébertot

Supplément – Anecdotes


[1] Cette maison est visible du bourg de Saint-André. Nous n’avons pas eu l’autorisation d’en publier une photographie bien que ce soit une maison d’hôtes.

[2] Pont-l’Evêque sous la Révolution.

[3] Il existe toutefois aujourd’hui dans l’église un tableau indépendant représentant saint Nicolas.

[4] Il doit probablement s’agir d’une copie d’après gravure d’un tableau de Rubens, comme on en trouve ailleurs dans le Pays d’Auge.


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  • Dernière mise à jour : 29/09/2021