Honfleur et les guerres de religion
Pendant 70 ans, de 1562 à 1594, protestants et catholiques s’affrontèrent à Honfleur, pour son emplacement stratégique dans l’estuaire de la Seine en face du Havre de Grâce. Mais il n’y eut finalement que deux épisodes de combat, l’un en 1562-1563 au début des guerres de religion et l’autre, entre 1589 et 1594, à la fin des guerres de religion. Pour décrire la situation, Pascal Lelièvre s’appuie sur une chronique issue d’archives familiales rapportée pour la première fois dans son intégralité par P.U. Thomas en 1840. C’est le journal d’un contemporain qui décrit jour par jour « Les afflictions qui sont arrivées en la ville et le faubourg de Honfleur, en l’année 1562, sous le règne de Charles IX, roi de France, qui est abrégé de tout ce qui s’est passé jusqu’en 1598, que la paix générale fut pour toute la France ». Honfleur, qui, comme Pont-Audemer, comptait environ 3 000 habitants est rarement citée dans les ouvrages généraux. Les archives lacunaires sont, en effet, peu exploitées par les chercheurs.
Honfleur au début des guerres de religion 1562-1563
La prise d’armes des protestants à Honfleur suit les appels au soulèvement lancés par le prince de Condé en réponse au massacre de la communauté réformée de Wassy en Champagne, perpétré par le duc de Guise. Le dimanche 26 avril 1562, le capitaine Chaudet, un armateur originaire du pays de Caux, établi depuis plusieurs années à Honfleur, s’empare de l’Enclos, « la place forte », sans difficulté, et de la ville, à l’exception du quartier Saint-Léonard établi sur les hauteurs, tenu par les catholiques pendant sept semaines. Quand Saint-Léonard tomba aux mains des protestants, le quartier subit des destructions importantes. La ville fut rendue ensuite par les protestants à un officier du roi sans combattre, conformément aux clauses de la première paix religieuse de 1563, sanctionnée par l’édit d’Amboise.
Honfleur à la fin des guerres de religion (1589-1594)
La chronique est muette de 1563 à 1594. Les affrontements reprirent à la fin du XVIe siècle, la Ligue s’opposant à toute politique de compromis religieux et à la montée sur le trône d’Henri de Navarre après l’assassinat d’Henri III. A la fin de 1589, la Ligue contrôlait la plupart des villes, Pont-Audemer, Louviers, Vernon, les Andelys, Evreux, Le Havre, Rouen. La place forte de Honfleur, qui commandait la rive gauche de la Seine, était redevenue un enjeu militaire de premier plan. Prise et reprise, Honfleur resta aux mains des protestants jusqu’à la reddition de Rouen à Henri IV en 1594. Honfleur fut ainsi l’une des dernières places fortes à se rendre après de durs combats. Les bourgeois de Honfleur subissaient les combats mais n’étaient pas Ligueurs, les protestants n’avaient aucun intérêt au triomphe de la Ligue et préféraient la politique de conciliation.
Bilan des guerres de religion pour Honfleur
En 32 ans, la ville a subi 2 prises d’armes par les bourgeois, quatre sièges et six pillages, la destruction de maisons, surtout celles construites à la vue des remparts, qui font obstacle à la défense de l’Enclos. Le volume des contrats d’armement pour Terre Neuve, les Antilles ou l’Afrique reste important, mais, pendant les 4 années de domination des Ligueurs à Honfleur, leur commandant Crillon et ses troupes se livrèrent à des actes de brigandage dans l’estuaire de la Seine et le plat pays, paralysant de fait toute activité commerciale maritime.Au lendemain de l’Edit de Nantes, d’anciens huguenots comme Pierre Chavin et Pierre De Guast se convertirent dans le commerce de pelleteries au Canada.La communauté protestante de Honfleur, bien que diminuée, resta présente et conserva son lieu de culte dans le faubourg Sainte-Catherine jusqu’à son interdiction en 1681.L’impact démographique n’est pas quantifiable.
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- Dernière mise à jour : 01/03/2017